Pourquoi les naturistes sont doué·es en Yoga ?

yoga naturiste
Nu·e pour pratiquer le Yoga… mais qui est le marketeux qui a inventé ça ?

Ça c’était le fond de ma pensée avant d’être prof de Yoga naturiste pour une saison estivale au  CHM Monta (Centre Hélio-Marin de Montalivet). Oui, Montalivet, la capitale mondiale des naturistes en France.

Pour moi le challenge était énorme : enseigner chaque jour le Yoga devant une cinquantaine de “culs nus” à la fois. Moi qui n’avais jamais fait de seins nus à la plage de ma vie, j’affrontais un gros conflit intérieur : très fière d’avoir trouvé un nouveau challenge et terrorisée à la fois !

Et après mon premier cours, je me suis demandée : « Pourquoi les naturistes sont si doué·es en Yoga ? »


1) C’est quoi être doué·e en Yoga ?

On entend souvent dire qu’il n’y a pas de compétition en Yoga et pourtant Bordeaux a accueilli la quatrième édition des Championnats d’Europe de Yoga en 2019.
Oui le Yoga de compétition existe et l’on parle ainsi de “Yoga sportif”. Le jury note 3 minutes d’enchaînement de 6 postures au choix à tenir 5 secondes chacune minimum.

Évidemment la simple évocation de cette facette du Yoga crée bruxisme et cervicalgie chez la plupart des profs de Yoga.

Pour détendre tout le monde, je rappelle que le Hatha Yoga (le Yoga des postures) n’est qu’une des nombreuse branches du Yoga. Peut-être connaissez-vous aussi le Karma Yoga ou encore le Tantra Yoga ?
En Occident on se focalise sur le Hatha qui comporte une multitude de styles différents (Ashtanga, Yin, Iyengar, Bikram,…). 

Mais alors c’est quoi en fait le Yoga ?

Si l’on se réfère à Patañjali, considéré comme le premier codificateur du Yoga : « yogaś cittavṛttinirodhaḥ ». L’interprétation que l’on peut donner est la suivante : le Yoga est la cessation des fluctuations du mental.

Diriger le mental sans distraction, ni interruption, ce n’est clairement pas une qualité innée.
En ce sens, je dirais qu’on ne peut pas être “doué·e” en Yoga mais plutôt “bien entraîné·e”.

Mais en quoi les nudistes seraient meilleur·es… heu, les naturistes… Mais au fait, quelle est la différence entre nudisme et naturisme ?

2) La différence à l’œil nu entre nudisme et naturisme

Le nudisme se définit simplement par la nudité sur l’espace public.

Le naturisme est, selon la Fédération Naturiste Internationale, « une manière de vivre en harmonie avec la nature, caractérisée par une pratique de la nudité en commun qui a pour but de favoriser le respect de soi-même, le respect des autres et celui de l’environnement ».

Petit test :
Si je bronze à poil sur une plage isolée, je suis… ?
Une nudiste, bravo !

On continue :
Si je porte un sac de courses plein jusqu’à mon bungalow, en étant nue avec mes tongs et mon masque chirurgical en brassard autour du bras et que je m’arrête pour saluer mes voisins qui passent à vélo, je suis… ?
Une naturiste, bien sur !

Attention, question piège :
Si je bronze à poil sur une plage isolée et qu’un père de famille me voit au loin et appelle la police, je suis… ?
Une exhibitionniste sexuelle, oui, tu es incollable ! Ceci étant dit, l’outrage à la pudeur est passable d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.

Mais alors, peut-on résumer le naturisme au nudisme de groupe ? Pour mieux comprendre le naturisme, voici un rapide cours d’histoire dans le paragraphe suivant.

3) De la spiritualité au tourisme : petite histoire de la nudité chaste

Autrefois le nudisme était une pratique ascétique spirituelle.
Dans la Grèce antique, le mot “gymnosophiste” désignait un philosophe nudiste égyptien ou indien.
Du IIème au XVème siècle en Europe, les “adamites” étaient des religieux nudistes végétariens en recherche du paradis perdu d’Adam et Ève.
Au Xème siècle, le texte sacré hindou Bhagavata Purana mentionnait le Yoga pratiqué nu (Nagna Yoga or Vivastra Yoga).

Le mot “naturiste” apparut en 1768 grâce au médecin Théophile de Bordeu afin de désigner les médecins animistes. L’animisme est un système de pensée considérant que la Nature est animée et que chaque chose possède une âme. Théophile de Bordeu souhaitait ainsi occulter l’aspect métaphysique et mettre en avant la théorie de la Nature comme guide.

Au XIXème siècle, le naturisme hygiéniste se développa pour faire face à la “dégénérescence” causée par la vie moderne grâce à un “retour à la nature”. L’essor des cures d’hydrothérapie (bains froids) et d’héliothérapie (bains de soleil) à visée thérapeutique était fort en Allemagne, un peu moindre en France. 

Au XXème siècle, un culte du nu se mit en place en Allemagne et le naturisme s’associa à l’eugénisme. En France, le naturisme se développa auprès des anarchistes et des théosophes (qui croient au Divin). Il consistait en une pratique ascétique incluant exercice physique (dont le Yoga), végétarisme et abstinence d’alcool et de tabac. 

Ce n’est qu’à partir des années 30 qu’il gagna en popularité en s’ouvrant à l’hédonisme.
Devenu loisir de plein air touristique, le naturisme ne désignait plus que la pratique de l’exercice physique en pleine nature et de la nudité collective. Cette dernière dite “chaste” fut d’abord partielle (sous-vêtements ou maillots de bain) puis peu à peu la nudité intégrale fut autorisée.

Aujourd’hui la spiritualité renoue avec la nudité grâce au Yoga naturiste (Yoga nu, Naked Yoga ou Nude Yoga) mais cela reste très marginal.
Et les naturistes qui sont-ils aujourd’hui ?

4) Ascètes, eugénistes, anarchistes, hippies ou hédonistes ? Qui sont les naturistes de nos jours ?

Revenons aux valeurs naturistes pour essayer de définir les naturistes (du moins celles et ceux du CHM).

– L’harmonie avec la nature :
Il y en a qui
Font du Pick Up de déchets pour la Surfrider
Et puis d’autres qui
Se délectent du son de leur pick-up Hummer.

– Le respect de soi et des autres :
Il y en a qui
Sont l’objet de pétitions contre l’ivresse
Et puis d’autres qui
Signent la pétition pour les chats en laisse.

– Le dépouillement :
Il y en a qui
Ont la nostalgie du sans électricité
Et puis d’autres qui
Perdent leur sang-froid, la 4G a périclité.

Si les valeurs du naturisme ne les relient pas, la nudité le fait-elle ? Mmmmh…
Certains voient le naturisme comme une tradition familiale et pratiquent sans se poser la moindre question, d’autres expérimentent le temps des vacances et se font taxer de “nudistes”. Si l’on se couvre quand le vent est frais un soir d’août, les “culs inoxydables” (appelés ainsi car ne portant qu’un sweat-shirt en février) s’insurgent.
D’autres encore sont là simplement pour mater derrière leurs lunettes de soleil. Tout le monde préféreraient oublier l’existence de ces intrus.

Sur une même journée, j’ai entendu au CHM : de la cornemuse, des rimes signées Booba, du chant de gorge accompagné de bols chantants.
Rien ne semble rassembler les naturistes si ce n’est l’identité collective marginale créée. Le sentiment d’appartenance communautaire rassure et offre du bonheur, n’est-ce pas ?
Aujourd’hui l’étiquette naturiste a encore un air de contestation sociale séduisant à mes oreilles.

Mais cela n’explique toujours pas pourquoi les naturistes seraient meilleur·es en Yoga.
Évidemment le Yoga n’est pas une activité pratiquée par toute la communauté naturiste et pourtant il y a de grandes similitudes que je souhaiterais mettre en avant.

5) Les point communs entre naturisme et Yoga

Les naturistes possèdent des valeurs proches de celles véhiculées par le Yoga.

Dans l’enseignement du Yoga, la première attitude pour vivre harmonieusement en communauté est appelée Ahimsâ en Sanskrit, signifiant « ne pas faire de mal » : non-violence envers soi, les autres, les animaux.

Deux autres attitudes yogiques se retrouvent dans la philosophie naturiste : Satya — ne pas mentir — et Aparigraha — ne pas être avide —.
Être nu·e devant les autres, c’est se montrer sans artifice, sans uniforme, tel que l’on est. Sans vêtements, on aspire aussi à s’éloigner de la compétition ainsi que de la hiérarchie.

Le Yoga enseigne également des règles assurant la pureté de son corps et de son mental. Parmi elles, Samtosha — se contenter — fait écho au dépouillement recherché dans la nudité.

On peut également citer la règle Îshvara-pranidhâna — lâcher-prise — pour vivre et apprécier le moment présent, en abandonnant l’égo à une puissance supérieure dont nous faisons partie. Cet aspect spirituel se retrouve dans la communion avec la Nature recherchée par beaucoup de naturistes.
Selon Marc-Alain Descamps, philosophe, psychologue et premier enseignant du Yoga naturiste au CHM : « Le Yoga est la méthode qui permet à un naturiste de saisir de l’intérieur ce qu’est la nature et de s’unir à elle ».

Méditer dans la petite clairière “Zone Nature” du CHM avec l’odeur des pins, le bruit des écureuils, le vent qui caresse la peau, est une manière efficace pour se reconnecter à la nature.
Tout est propice à une prise de conscience de l’union de toutes les choses et des phénomènes dans l’univers.
Ainsi, même celles et ceux qui débutent semblent avoir de grandes facilités.

6) Le Yoga naturiste au CHM Montalivet : des valeurs yogiques intégrées

J’ai été très surprise de la mixité et de la variété de types de corps des personnes présentes aux cours de Yoga naturiste du CHM.
La caricature de la jeune femme svelte, des salles “classiques” de Yoga occidental est loin d’être omniprésente. Et ça fait chaud au cœur de voir que beaucoup d’hommes s’intéressent au Yoga et que les personnes en surpoids ou avec handicap physique n’ont aucune gêne à être là.

Pour être transparente, je ne vous cacherai pas que tout le monde ne pratique pas la nudité en “Zone Nature”. Sous-vêtements, vêtements de sport ou nudité intégrale : mais à mes yeux, ce mélange reflète justement leur ouverture d’esprit, leur tolérance vis-à-vis des différentes façons de vivre le naturisme. 

Pas de regards de travers pour voir si la personne sur le tapis d’à côté est plus souple ou plus musclée. Pas de compétition. C’est incroyable de sentir cela.
Ils respectent leur corps, ceux des autres et acceptent les différences. En cela, les naturistes sont meilleur·es.

Le fait d’avoir déjà intégré quelques valeurs yogiques permet aux naturistes d’accéder plus facilement au Yoga.
Mais peut-on considérer qu’être yogi·ni de longue date facilite l’accès au naturisme ? J’en suis moins sûre ! Qu’en penses-tu ?
Prêt·e à tester le Yoga naturiste ?

7) Comment profiter des bienfaits du Yoga sans se déshabiller ?

Si l’idée de te dénuder sur ton tapis t’es inconcevable alors je t’invite à tester le Yoga simplement en fermant les yeux.
Comme l’on ferme les yeux pour mieux apprécier un goût, fermer les yeux en Yoga permet d’être plus dans le ressenti.

En supprimant le sens de la vue, on sent plus facilement la circulation sanguine jusque dans les doigts, on ressent des muscles insoupçonnés impliqués dans la respiration, on sent des zones actives que l’on pourrait qualifier de magiques (Chakras), on peine à déterminer où se trouve réellement la limite du corps, on se sent être la Nature.

Pour conclure, si l’on considère que le Yoga est la cessation des fluctuations du mental, le naturisme par ses valeurs en facilite l’accès. Le respect de soi, des autres, de l’environnement mène plus facilement à l’équanimité.
Si la nudité ne t’est pas familière et confortable, elle ne te fera pas profiter autant des bienfaits du Yoga que de simplement fermer les yeux.
Alors cours à ton tapis et ferme les yeux.
Pour être plus en harmonie avec la Nature.
Pour s’unir à elle.
Pour faire Yoga.
Namasté

PS : Le naturisme te fait peur ? Tu es au bon endroit pour développer ta force mentale !

Sur moi, dénudée - En état méditatif - Rien de sexuel

Cessons de combattre la dépression et donnons une chance à la paix mentale

Combattre la dépression

Ma dépression squatte ma vie.
Elle a commencé à s’accrocher à mon dos pour que je ne mette plus le nez dehors. Puis, pour que je ne travaille plus. Puis, pour que je ne me brosse plus les dents. Elle dort maintenant sur ma couette pour m’empêcher de sortir du lit.
Je me bats depuis des mois. Depuis des années. Mais aucune arme n’est efficace.
Je me bats mais je suis fatigué·e. Je suis à bout. Je n’ai plus de forces.

Comment continuer à combattre la dépression quand il n’y a plus que des idées noires ?
Quelle autre voie s’offre à nous ?

Faut-il combattre la dépression ?

 

Pourquoi sommes-nous en bataille contre la dépression ?

Parce que cette maladie est un problème mondial.
Selon l’OMS c’est la première cause d’incapacité dans le monde. En 2015, elle touchait 322 millions de personnes dans le monde. 2 949 572 en France. 1 566 903 au Canada. 502 075 en Belgique. 26 350 au Luxembourg.

Et on imagine bien que les chiffres ne s’améliorent pas dans le contexte pandémique et morose de 2021.

Nous nous battons contre la dépression parce qu’elle est dangereuse. Au point que même le suicide semble une option possible pour y échapper.

Mais est-ce que la violence est une solution face à l’ennemie ? Les rébellions non-violentes ne sont-elles pas plus efficaces ? La guerre ne crée-t-elle pas plus de peurs et de souffrances que de libertés ?
Alors comment se libérer de cette maladie dans la non-violence ?

Premier pas vers la paix mentale : changer de vocabulaire

 

Si l’on ignore sa maladie, elle empire. Si l’on violente sa dépression, on se porte soi-même des coups.
J’ai pris des anti-dépresseurs (des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine). Mon cerveau était un champ de bataille. Résultat : j’ai rechuté.
Je partage cet épisode sombre de ma vie car je crois que plus les gens en parleront ouvertement, plus celles et ceux qui en souffrent iront chercher de l’aide sans honte, ni crainte, ni culpabilité.

En dépression, on peut ressentir un fort sentiment de culpabilité sans savoir pourquoi.
Quand une personne de notre entourage tente avec bienveillance de nous encourager avec des « ressaisis-toi » ou « fais un effort », le sentiment de culpabilité s’en retrouve décuplé. On se dit que l’on est vraiment naze d’être incapable de faire ce petit effort. On est un boulet pour ceux qui nous entourent.

Notre perception des évènements dans la vie a plus d’impact sur nous que les évènements eux-même.
Les mots ont un fort pouvoir. C’est en commençant par changer mon vocabulaire que je réussis à changer mon mode de pensée.
Je ne suis ni naze ni boulet si je suis dépressif ou dépressive. Je suis souffrant·e, je souffre de cette maladie.
Alors au lieu de combattre la dépression, SOIGNONS-la ! Au lieu de la voir comme une ennemie, faisons ALLIANCE avec elle !

Oui mais comment ? En cherchant à la comprendre. 

Deuxième pas : comprendre la théorie polyvagale

 

Pour comprendre la dépression, intéressons-nous d’abord au système nerveux.

Selon la théorie polyvagale de Stephen Porges, notre système nerveux autonome serait divisé en trois branches :

    • Le système nerveux parasympathique ventral — le mode Rest and Digest (Se reposer et Digérer). Il s’active en l’absence de stress : le rythme cardiaque ralentit ou si besoin la digestion est privilégiée.
    • Le système nerveux sympathique — le mode Fight or Flight (Combattre ou Fuir). Sous stress, le corps se prépare à agir pour se sortir de situations dangereuses : le rythme cardiaque s’accélère, la sueur arrive, les pupilles se dilatent… Le stress est notre ami pour survivre !
    • Le système nerveux parasympathique dorsal — le mode Freeze or Faint (Faire le mort ou S’évanouir). Il s’active face à un danger insurmontable : le corps nous protège en immobilisant les muscles ou en créant un évanouissement.

Souvent la dépression c’est un Freeze qui perdure. Le corps sonne le signal d’alarme : « Là, c’est TROP ! J’arrête la machine ».
Une apathie s’installe. Une léthargie du corps conjuguée à une sensation de vide en soi. 

Quel danger insurmontable peut nous faire sombrer dans la dépression ?
C’est là où réside tout le problème ! Tant que l’on a pas identifié les causes profondes, la dépression refera surface de manière chronique.
Il faut comprendre pour pouvoir agir et changer ce qui génère le mal-être profond.

Troisième pas : écouter sa dépression

 

Il y a des raisons évidentes à certaines dépressions : un deuil, une rupture, un traumatisme…
Et parfois, on ne voit aucune raison valable pour être dans cet état. J’ai tout pour être heureux ou heureuse et pourtant…

Et pourtant ! Si la dépression pointe son nez, peut-on simplement accuser un déséquilibre chimique cérébral ? Pourquoi l’équilibre s’est perdu ?
N’y a-t-il pas quelque chose de profondément enfoui en nous qui souhaiterait s’exprimer ? 

Pour nous aider, les professionnels de la psychologie sont évidemment les mieux formés — et il serait négligeant de ma part de ne pas le rappeler.

J’ai expérimenté des méthodes alternatives complémentaires.
Aujourd’hui je partage avec toi ce qui a marché pour moi. Voici mon super combo : Yoga + méditation + écriture expressive.
Dans cet ordre.

    • D’abord le Yoga permet d’activer le système nerveux parasympathique ventral (Rest and Digest).
    • Ensuite la méditation apporte la clarté et le recul nécessaire pour accepter la dépression et commencer à l’écouter.
    • Puis l’écriture expressive (aussi appelée “journal-thérapie” ou “journaling”) — au travers d’exercices répondant à des consignes précises — aide à prendre conscience des causes de la maladie et à trouver des solutions pour guérir.

Si ces trois pratiques sont nouvelles pour toi, j’ai créé un programme en ligne pour te guider.

J’espère que mon témoignage va t’inspirer à essayer des méthodes non-violentes pour retrouver la paix mentale.

War Is Over: Cessons de combattre la dépression

La dépression est une maladie grave est sera toujours gagnante si l’on entame une guerre contre elle.
Il est difficile de l’accepter pour écouter ce qu’elle a à dire. Mais il est important de le faire pour s’en sortir et ne pas rechuter toute sa vie.
Je te propose ci-contre un haïku incitant à méditer pour mieux écouter.

J’ai écrit cet article en écoutant John Lennon et Yoko Ono chanter Give Peace a Chance et en me remémorant leur WAR IS OVER (la guerre est finie).
Cela m’a inspiré le titre de mon article : Cessons de combattre la dépression et donnons une chance à la paix mentale.
Signons enfin cet accord de paix.

Une colombe passe…

Alors ? Tu signes ?

Posture du Lotus, J'écoute ma dépression, M'ordonner la vie

Quand Ujjayi Pranayama embrume le mental

ujjayi pranayama

La séance de Yoga a été intense. Te voilà allongé·e sur ton tapis pour la relaxation, le fameux Shavasana.

Tu sens ton cœur battre fortement dans ta poitrine — C’était VRAIMENT intense.
Tu sens ta transpiration goutter sur le tapis — Le corps expulse les toxines.
Tu sens tout ton corps fatigué — Bravo, tu as bien bossé.

Puis, la relaxation terminée, tu te redresses pour dire Namasté. Tu te sens un peu sur une autre planète. L’effet Yoga. Comme à chaque fois.

Et si ce n’était PAS bon signe ? Et si une séance de Yoga réussie offrait d’autres sensations ?

Les grandes amplitudes d’Ujjayi Pranayama

 

« Respirez profondément. Avec de grandes amplitudes. Je veux pouvoir vous entendre ! » Longtemps j’ai répété cela à mes élèves.
Parce que c’est ce que l’on m’a enseigné et je ne voyais pas d’intérêt à remettre en question la tradition.
Monkey see, monkey do.

J’enseignais Ujjayi Pranayama, la “respiration du guerrier”, la “respiration victorieuse”, la “respiration de l’océan”. Autant de noms pour désigner une et même technique.
Pour rappel, c’est une respiration nasale avec une légère contraction de la glotte qui crée le bruit des vagues. Cette respiration aide à rester concentré·e pour réaliser les postures.

Et puis je me suis lancée dans la plongée en apnée. Et j’ai appris des choses super intéressantes sur la respiration.

Les problèmes physiologiques immédiats

 

Quand notre rythme respiratoire mobilise un plus gros volume d’air que nécessaire, on parle d’hyperventilation. L’hyperventilation se manifeste soit par une plus grande amplitude, soit par une fréquence plus rapide du rythme respiratoire. Ou même les deux à la fois.
Donc quand je disais à mes élèves de respirer avec de grandes amplitudes, je les faisais basculer dans l’hyperventilation.

Dans les cours théoriques d’apnée on apprend que l’hyperventilation fait diminuer le taux de dioxyde de carbone. Cela rend le sang plus alcalin et l’oxygénation du corps en est réduite (effet Bohr).

Voici les phénomènes physiologiques indésirables que l’on peut ressentir :

    • Une augmentation du rythme cardiaque voire des palpitations.
    • Des picotements et paresthésies. As-tu des fourmis au bout des doigts en cours ou en fin de séance de Yoga ?
    • Une vasoconstriction faisant diminuer le flux sanguin vers le cerveau : vertige, confusion, difficulté à se concentrer. La sensation de se sentir flotter dans l’espace après le Yoga vient de là.

Tu te rappelles dans le film Le Grand Bleu, la scène de la compétition ? Pourquoi l’apnéiste japonais perd connaissance avant même de plonger ? Parce qu’il hyperventile à mort !

Mon savoir d’apnéiste remettait en question l’enseignement de mes premières écoles de Yoga. Et cela me dérangeait.

Le risque psychologique à long terme

 

J’ai poursuivi mon investigation.

Je savais déjà que quand on stresse, on respire plus vite. On a tous expérimenté cela.
Mes lectures m’ont fait découvrir avec stupeur que la fréquence respiratoire moyenne chez l’humain a augmenté drastiquement aux cours des dernières décennies.
J’ai aussi appris que l’hyperventilation à long terme génère de l’anxiété.

Les profs de Yoga qui incitent à hyperventiler n’ont absolument pas conscience de cela. 

Mais l’information qui m’a le plus perturbée est celle que j’ai découverte en préparant mon cours de Yoga en ligne contre la déprime et la dépression.
La voici : l’anxiété peut mener à la dépression.
J’ai vite fait un raccourci facile dans ma tête : Ujjayi Pranayama = dépression ? Non, impossible !

Et si Ujjayi Pranayama était mal enseigné ?

 

Beaucoup de mes interrogations ont trouvé réponse avec les cours de Pranayama de Simon Borg-Olivier (école Synergy Yoga).
Le Pranayama — le contrôle du souffle — permet de ralentir la respiration jusqu’à la suspendre.

L’intérêt de la contraction de la glotte est de réduire le débit d’air. Cela permet de respirer plus lentement plus facilement.
Le bruit généré est alors très subtil. Cela ne ressemble ni à une locomotive, ni au bruit des vagues, ni à un océan lointain.
Ujjayi ne devrait pas être audible au-delà de notre tapis.

Respirer profondément ne veut PAS dire avec de grandes amplitudes. La profondeur désigne le plancher pelvien.
Néanmoins, pour arriver à respirer très lentement on a besoin de plus d’amplitude.
Attention donc à toujours veiller à ralentir la respiration avant de chercher l’amplitude respiratoire.

Ujjayi pratiqué correctement n’est pas de l’hyperventilation. Ujjayi ne génère ni stress, ni angoisse, ni dépression.
Quel consigne donner à mes élèves alors ? Devrais-je dire « Respirez le plus lentement possible, sans faire de bruit, depuis le plancher pelvien » ?

Les conseils à retenir

 

Voici ce que préconise Simon : dissocier la pratique des postures (Asanas) de la pratique du Pranayama.
Ralentir sa respiration est un exercice très difficile qui demande beaucoup d’entraînement.
Combiner cela à un exercice physique nécessitant déjà beaucoup de concentration c’est… TROP !

Pendant les Asanas, il conseille de respirer naturellement : par le nez, sans engager de muscles à l’expiration, le ventre relâché.
Je monte les bras au ciel, l’inspiration se met en place toute seule. Je les baisse, mon corps expire. Sans que j’y pense.

En pratiquant avec une respiration presque inaudible, on se demande alors sur quoi se concentrer. Il est vrai qu’écouter sa forte respiration aide à oublier les distractions.
Néanmoins, il y a d’autres points de concentration possibles : un point extérieur que l’on fixe du regard ou bien un point précis du corps (Chakra).

Depuis que j’applique la respiration naturelle sur les Asanas, je suis plus à l’écoute de mes sensations intérieures. Mais surtout, je n’ai plus d’étourdissement.

Prêt·e pour de nouvelles sensations ?

 

Ok, se sentir sur une autre planète après avoir hyperventilé pendant une heure est une sensation cool… mais prendre soin de sa santé mentale à long terme est prioritaire.

Je t’invite à tester par toi-même une séance de Yoga avec la respiration naturelle, en relâchant le ventre et en gardant un point de concentration. Tu termineras la séance en te sentant plus ancré·e, alerte et conscient·e du monde dans lequel tu es.

Parce que Yoga veut dire Union et non déconnexion. Union de Soi à l’Univers.

Voici un Haïku pour t’inspirer :

Ventre relâché Aucun bruit aucun effort L'Univers respire